Joseph, mon cher fidèle
Marie : Joseph, mon cher fidèle, Cherchons un logement, Le temps presse et m'appelle A mon accouchement. Je sens le fruit de vie, Ce cher enfant des cieux, Qui d'une sainte vie, Va paraître à nos yeux.
Joseph : Dans ce triste équipage, Marie allons chercher, Par tout le voisinage, Un endroit pour loger. Ouvrez, voisin la porte, Ayez compassion D'une vierge qui porte Votre Rédemption.
Les voisins de Bethléem : Dans toute la bourgade, On craint trop les dangers, Pour donner le passage A des gens étrangers, Au logis de la lune, Vous n'avez qu'à loger, Le chef de la commune Pourrait bien se venger.
Marie : Ah ! Changez de langage, Peuple de Bethléem, Dieu vient chez nous pour gage, Hélas ! Ne craignez rien. Mettez-vous aux fenêtres, Ecoutez ce destin, Votre Dieu, votre Maître, Va sortir de mon sein.
Les voisins de Bethléem : C'est quelque stratagème On peut faire la nuit, Quelque tour de bohème, Quand le soleil ne luit. Sans voir ni clair, ni lune, Les méchants font leurs coups, Gardez votre infortune, Passants, retirez-vous !
Joseph : O ciel quelle aventure, Sans trouver un endroit, Dans ce temps de froidure, Pour coucher sous le toit. Créature barbare, Ta rigueur te fait tort, Ton coeur déjà s'égare En ne plaignant mon sort.
Marie : Puisque la nuit s'approche Pour nous mettre à couvert, Ah ! Fuyons ce reproche, J'aperçois au désert Une vieille cabane, Allons mon cher époux, J'entends le boeuf et l'âne Qui nous seront plus doux.
Joseph : Que ferons-nous Marie, Dans un si méchant lieu, Pour conserver la vie Au petit Enfant-Dieu ? Le monarque des anges Naîtra dans un bercail Sans feu, sans drap, sans langes Et sans palais royal.
Marie : Le ciel, je vous assure, Pourrait nous secourir, Je porte bon augure, Sans crainte de périr. J'entends déjà les anges Qui font d'un ton joyeux, Retentir les louanges, Sous la voûte des Cieux.
Joseph : Trop heureuse retraite, Plus noble mille fois, Plus riche et plus parfaite Que le louvre des rois ! Logeant un Dieu fait homme, L'auteur du paradis, Que le prophète nomme Le Messie promis.
Marie : J'entends le coq qui chante, C'est l'heure de minuit, O ciel ! Un dieu m'enchante, Je vois mon sacré fruit, Je pâme, je meurs d'aise, Venez mon bien-aimé ! Que je vous serre et (...) ! Mon coeur est tout charmé.
Joseph : Vers Joseph votre père Nourrisson plein d'appas, Du sein de votre mère Venez entre mes bras ! Ah ! Que je vous caresse, Victime des pêcheurs, Mêlons, mêlons sans cesse, Nos soupirs et nos pleurs.