Convoi pour Henri Corbin
de Patrick CHAMOISEAU
Ce sont maintenant les routes qui s’ouvrent
Plénières
Elles disent les énergies de l’archipel les chairs aimantes du continent (ce sont les langues qui chantent
créole des Bitations et langue de France gâchée dans ce que l’Amérique a fait de l’espagnol)
C’est cette force tremblante Cette solitude en liberté qui empoignait d’emblée tous les rivages connus Toutes les saisons Tous les possibles Du soleil de Marseille aux sentiments de Saint-Domingue
Des profonds de l’ici jusqu’aux passions vénézuéliennes Le lieu mis sans bornages sous l’étendard des Amériques
Le lieu mis solidaire
René char disait que pour un poète ce sont les traces et non les preuves qui font rêver
Ami
J’ai connu ta tendresse pour notre soleil commun
J’ai su entendre dans le recoin des confidences le chant des femmes captives et l’incroyable des aventures
(chevelure gominée et couteaux de voyou) Rien de fixe ou de banal dans cette vie soumise à poésie très pure Tu plongeais dans les ombres et vivait de lumière !
Pas de tombeau !
Les tombeaux de l’exil sont tristes, disais-tu
Pas de tombeau quand l’exil est vaincu et que l’errance nous verse à Relation ! Juste l’éclair qui dure Et qui se renouvelle Et qui laboure ainsi
En nous pour nous Dans les exigences amicales de l’ouvert
L’offrande
Des orages du passage sur douze cent mille racines
Le labile d’une présence qui forge son alphabet
L’inouï presque invisible
La majesté d’une Trace.
Patrick CHAMOISEAU
13 04 2015