ÉLOGE DU TI BIDON
Tony ALBINA
Un peuple qui ne possède pour toutes matières minières que les os troublés de ses ancêtres mal connus
Élève ses bras au ciel en guise de protestation pour dire son désir de boussole
Et récolte pour toute pluie fécondante, l’arrogante sécheresse de ses fils les plus résolument frappés de cécité
Que faire quand le crépuscule s’annonce
Que faire quand s’amorce la pression atmosphérique lourde des menaces les plus ruineuses d’efforts certains ?
Que faire pour que la vie apprenne à circuler dans les veines des routes encombrées d’impatience et de rage contenue ?
Que faire quand avancer, ne permet de parer aucun choc ?
Que faire quand le paysage ne sait plus défiler ; quand les amours ne savent pas répondre aux promesses qu’elles se font ?
Une chose, peut-être, partager la peine !
Et comme pour donner à chacun la charge dont il est capable, le ti bidon offrit sa clameur aux malheurs de celles et de ceux qui n’ont pas de voix.
Obèse ou svelte, le ti bidon paré de toutes les couleurs sut attendre son tour pour se faire l’arme miraculeuse de la débrouille par tous les temps.
Et quand fatigué d’être ballotté, il entreprit de se reposer c’était pour pousser la chansonnette dans le cœur des frères endormis.
Ne méprisez pas le ti bidon, il prescrit sans hurler l’ordonnance des solidarités à venir.
Tony Albina